Chuor Phnom Krâvanh est le massif de montagnes qui recouvre le sud-ouest du Cambodge. La culture de la cardamome et du poivre, sur ses collines orientales, lui a valu le nom de chaîne des Cardamomes.
Ce massif s’étend de la province de Chanthaburi (Thaïlande) au nord, jusqu’à la province de Koh-Kong (Cambodge) au sud. Le point culminant de la chaîne des Cardamomes, situé à l’est, atteint 1 813 mètres d’altitude. Le massif des Éléphants, Chuor Phum Damrei, dont les sommets ne dépassent pas les 1 000 mètres, fait également partie de la chaîne des Cardamomes.
Cette région présente une biodiversité incomparable. La chaîne des Cardamomes est considérée comme « la deuxième plus grande forêt pluviale d’Asie du Sud-Est », avec une forêt de mousson et de mangrove s’étendant sur plus de 800 000 hectares. Une soixantaine d’espèces animales menacées y vit en liberté, dont le pangolin, le gibbon, le crocodile du Siam, l’ours malais et l’éléphant d’Asie, pour ne citer que les principales. Ces montagnes de faible altitude sont, de fait, un vestige de l’immense dédale vert qui tapissait jadis l’Asie du Sud-Est. Pendant longtemps, on ne pouvait s’aventurer dans la chaîne des Cardamomes qu’à ses risques et périls : c’était une zone de guerre, truffée de mines. Ce fut d’abord une zone de repli face à l’avancée coloniale sous le protectorat français (1863-1953), mais c’est surtout la guerre d’extermination menée par les Khmers rouges contre leur propre peuple (1967-1979) qui a précipité des populations entières au cœur de la jungle. Aujourd’hui, divers projets d’écotourisme, plus passionnants les uns que les autres, s’investissent dans la région.
Malgré son isolement, la chaîne des Cardamomes témoigne d’une histoire mouvementée. En temps de guerre, la jungle des montagnes était une zone de repli idéale pour les groupes armés. Les Khmers rouges l’ont investie pendant la guerre entre le Cambodge et le Vietnam (1978-1989) pour trouver refuge dans les collines boisées. De nombreuses traces au cœur de la jungle attestent que la région était déjà habitée il y a 600 ans… Et même bien avant : selon le récit de voyage d’un diplomate chinois, Zhou Daguan, datant de 1296, l’ethnie des Chhongs vivait dans les Cardamomes à cette période. Il est intéressant de noter que les Cardamomes sont situées à moins de 200 kilomètres à l’ouest des célèbres temples d’Angkor. Pourtant — sans doute parce que la végétation exubérante rend les voies de communication si impraticables — sur le plan de la culture et de la langue, des distances énormes séparent le siège de l’Empire khmer, construit au XIIe siècle, et la minorité ethnique des Chhongs, principalement établie dans la vallée d’Areng, au cœur des Cardamomes. Les Chhongs sont représentatifs des peuples autochtones cambodgiens, animistes et bouddhistes, dont la vie est profondément ancrée dans la terre et dans la forêt tropicale humide.
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La richesse de la faune inspire les artistes depuis des temps immémoriaux. Aujourd’hui encore, des peintures rupestres représentant des éléphants, des cerfs et des buffles sont visibles au cœur des Cardamomes. Sur d’autres peintures, selon certaines interprétations, on voit des hommes montés sur des éléphants pour les domestiquer et les entraîner à certaines tâches, une pratique culturelle qui s’est largement perpétuée jusqu’au XXe siècle. Le site le plus représentatif de l’art rupestre est celui de Kanam, à l’est des Cardamomes, près de Kravanh, dans la province de Pursat (ou Pouthisat).
Ces peintures réalisées avec de l’ocre rouge seraient liées à des rituels en l’honneur des ancêtres et des esprits, afin d’obtenir protection, chance et connaissance. Ces plus de 200 œuvres témoignent en outre que les Cardamomes abritaient autrefois une forte population d’une espèce endémique de cervidés. Aujourd’hui, seuls quelques spécimens isolés parcourent encore les montagnes. Ces animaux ont en effet été victimes du commerce des peaux avec le Japon entre le XVe et le XVIIe siècle, dans le cadre du commerce Nanban (barbares du sud) entre le Japon et les navigateurs et négociants portugais, néerlandais, puis anglais.
Entre le XVe et le XVIIe siècle, diverses ethnies montagnardes ont peuplé la chaîne des Cardamomes, faisant de ses forêts denses leur espace de vie. Les traces de cette civilisation sont, entre autres, une multitude de tombes qui se sont conservées au fil des siècles.
Selon la tradition mêlant bouddhisme et animisme, les ossements des défunts étaient déposés dans de grandes urnes en céramique et conservés dans des endroits tenus secrets. Les lieux de sépulture étaient souvent aménagés dans la cavité d’une paroi rocheuse en surplomb, difficile d’accès pour les humains comme pour les animaux. Il arrivait également que les restes de plusieurs personnes soient rassemblés dans une même urne. Divers objets funéraires (perles, céramique et bijoux en métal) accompagnaient les ossements.
Dans la chaîne des Cardamomes, les sites les mieux conservés sont Phnom Pel, Phnom Khnang Peung et Khnorng Sroal.
Outre les sites historiques, c’est surtout la nature environnante qui attire les voyageurs, désireux d’explorer la beauté et la diversité de son écosystème et prêts à contribuer à sa conservation.
Au cœur du parc national de Botum Sakor, au sud de la région des montagnes, les visiteurs sont encadrés et hébergés dans des camps tels que le Cardamom Tented Camp, ce qui leur permet d’arpenter la chaîne des Cardamomes dans le respect de la nature.
Ce parc national situé sur une presqu’île donnant sur le golfe de Thaïlande, au nord-ouest de Sihanoukville, est, avec ses 171 250 hectares, le plus grand des cinq parcs nationaux du Cambodge. Il est constitué à 80 % de forêt tropicale humide, ce qui lui vaut d’être considéré comme l’un des 36 hotspots de biodiversité du monde. Le paysage qui entoure le camp alterne entre collines, forêts et mangroves près des côtes. Le marnage (marée haute) est en moyenne d’environ 1,5 mètre de hauteur. Le climat du parc national de Botum Sakor est de type tropical de mousson.
Ce camp se conçoit comme un hébergement durable qui s’est donné pour mission la protection de cette nature unique. L’enjeu est de réparer autant que possible les dommages causés aux espaces forestiers par le défrichage qui a marqué les années 1990. Dans ce sens, le parc coopère depuis les années 2000 avec l’ONG Wildlife Alliance. Cette organisation internationale à but non lucratif, qui œuvre pour la conservation des forêts et de la faune, mène actuellement divers programmes au Cambodge. Les efforts de protection sont aussi censés lutter contre les activités de chasse illégales et le braconnage. Le camp de tentes contribue à la protection de la nature, notamment grâce à des moyens financiers et par un recensement des différentes espèces animales (principalement par le biais de pièges photographiques).
source: Cardamom Tented Camp
L’espace recouvert de forêts de la chaîne des Cardamomes attire les voyageurs du fait de la diversité de sa faune et de sa flore, avec des espèces absolument fascinantes. C’est l’une des dernières forêts primaires tropicales humides au monde qui soit intacte. Du moins, partiellement.
Dans cette jungle épaisse, l’éléphant d’Asie partage cet écosystème luxuriant avec de nombreuses espèces animales rares. Le tigre d’Indochine (menacé) et le tigre de Malaisie (en danger critique) sont ici chez eux, ainsi que la panthère nébuleuse (vulnérable), à la robe magnifique, idéale pour le camouflage en forêt, plus grande que le chat domestique, mais plus petite que le lynx. Citons également le crocodile du Siam (en danger critique), l’ours malais (ou ours des cocotiers, vulnérable) et le gibbon à bonnet (en danger).
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Les montagnes des Cardamomes abritent aussi 250 espèces d’oiseaux. Parmi elles figurent la cigogne épiscopale (préoccupation mineure), le paon muticus (ou paon spicifère, ou paon vert, en danger), ainsi que le calao bicorne (vulnérable) et le calao pie (anthracoceros albirostris, préoccupation mineure). Les calaos arborent un plumage coloré et d’invraisemblables becs ornés d’un lourd casque, servant de chambre de résonance qui amplifie les bruits nasaux émis par l’oiseau.
Outre son engagement pour la protection de la faune et de la flore locales, le camp de tentes des Cardamomes propose un large choix d’activités passionnantes. Cette immersion au cœur de la jungle vous permettra d’apprendre une myriade de choses sur les particularités de la région.
source: Cardamom Tented Camps
Des décennies de guerre et de braconnage ont durablement nui à la population d’éléphants de la chaîne des Cardamomes. Maintenant que les troupes armées se sont enfin retirées et que les derniers Khmers rouges ont été expulsés des forêts, les géants gris se risquent lentement à regagner leur territoire.
Seuls 400 à 600 éléphants vivent actuellement dans tout le Cambodge, la plupart d’entre eux dans les contreforts sud de la chaîne des Cardamomes. C’est surtout dans les prairies verdoyantes du sud que ces animaux imposants partent à la reconquête de leur habitat.
Lors de vos randonnées à travers les collines de Damrei, aux côtés de guides expérimentés, vous pourrez suivre les traces des pachydermes, voire les observer de vos propres yeux… à distance respectable. La plus grande prudence reste toutefois de mise : ces animaux intelligents ont encore parfaitement en mémoire le bruit des armes, les déflagrations des fusils, les conséquences catastrophiques de la guerre et du braconnage.
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